Notre histoire vers Lino

C’était un vendredi, le 08 octobre 2010 il était 14H32. Mon téléphone portable sonnait alors que j’étais au travail…le numéro de téléphone je le connaissais par cœur, je reconnaissais celui de notre OAA…Mon cœur se mis à bondir dans ma poitrine mais aussitôt je me resaisissais : « ne t’enflamme pas, si çà se trouve c’est pour une histoire de papiers encore et seulement… »
L’ATTENTE :
Avec Philippe nous attendions ce que nous appelons dans le jargon des adoptants le « coup de fil magique » depuis 12 longs mois…Douze mois que notre dossier était au Vietnam. 
Au moment où notre OAA nous avait acceptés, les attributions se faisaient dans les 4 à 6 mois après le dépôt au ministère de la justice vietnamien. Nous, nous avons attendu le double… une éternité quand on y rajoute l’année à démarcher les OAA, l’année pour avoir l’agrément et les années d’avant pour en arriver là. Mais surtout une éternité parce qu’on ne sait jamais QUAND va prendre fin notre attente. On doute de la concrétisation de notre projet jusqu’au bout ! On ne maitrise rien, il n’y a rien à faire : qu’attendre... C’était une période du parcours pendant laquelle nous étions contraints à être passifs par rapport à l’adoption. Pour nous, pas question de faire la chambre ni de faire des achats pour un enfant qui n’existe pas encore dans notre vie. D’ailleurs quel enfant ? Une fille ? Un garçon ? Et puis quel âge ? Et de quelle origine ? Du Vietnam si çà marche mais si çà marche pas ? Bref pendant 2 ans et demi, avec Philippe plus on s’approchait de notre enfant et moins nous étions capables de nous projeter dans le futur et d’entreprendre quoi que ce soit…
LA MAGIE DE LA SURPRISE
Ce 08 octobre 2010 une des correspondantes de l’OAA m’a annoncé qu’un petit garçon de 2 mois nous était attribué, il se portait parfaitement bien et se trouvait au Sud du pays, à Ho Chi Minh-Ville. Toutes les autres infos me sont passées à côté…je me suis mise à trembler, pleurer, j’étais bouleversée… J’étais « maman »  d’un petit garçon, tout petit… Je n’ai pu prévenir Philippe, en déplacement professionnel qu’à 17h ce jour là et nous ne sommes retrouvés que vers 22H….
L’ATTENTE ENCORE !!!!!
Passée la frénésie engendrée par la bonne nouvelle, je vous passe les achats impulsifs et le champagne, il nous fallait encore attendre le fameux « feu vert ». La mauvaise nouvelle c’est que sur cette province et sur l’orphelinat de provenance de notre enfant, les délais de cette ultime étape étaient particulièrement longs : 8 mois minimum…
Les premiers mois ont été relativement faciles : nous avons monté la chambre, préparé la maison, profité de nos moments de vie en amoureux même si au fond, nous étions déjà trois… Lino n’était pas là mais c’est comme si tout dans la maison et dans nos vies parlait de lui, comme s’il avait déjà vécu avec nous et qu’on nous l’avait enlevé. Drôle de sentiment.
Nous avons eu la première photo de Lino fin octobre 2010 et grâce à la chaine de solidarité des adoptants, nous avons même eu la chance d’avoir une petite video de lui… Puis par la suite régulièrement (et le plus souvent par des canaux officieux) nous obtenions d’autres photos ou d’autres nouvelles de notre fils.
Plus le temps passait, plus Lino grandissait et plus nous étions mal dans cette attente. Nous avions le sentiment qu’on nous volait des moments uniques de vie avec notre fils. Par ailleurs, par les photos, nous savions que c’était un enfant qui avait souvent des petits problèmes de peau, une façon d’exprimer pour lui aussi son manque ou une sorte de mal être peut-être.
Et puis un jour, début avril, ce fut comme si le ciel nous tombait sur la tête. Nous apprenions que Lino était hospitalisé… Le temps s’est arrêté… Au début, on nous a dit de ne pas nous en faire puis que finalement c’était une méningite virale et que son état avait été sérieux… Lino avait convulsé, était sous oxygène et ne s’alimentait plus tout seul… il avait à peine 8 mois notre bébé… Nous étions si loin de lui, impuissants, fous d’inquiétude, fous de chagrin….nous pensions au pire… On nous délivrait des informations au compte-goutte, nous étions en contact avec notre médecin, un pédiatre spécialisé dans l’adoption etc… Nous savions que c’était grave. En tout état de cause et de conscience, nous avons beaucoup parlé, beaucoup pleuré et nous avons pris notre décision : Lino était notre enfant, nous l’avions attendu des mois, il nous attendait aussi à sa manière, pas question de le laisser tomber ! Nous n’avons pas lâché notre OAA et mi-avril nous avons obtenu l’accord de partir le rejoindre prématurément, à sa sortie d’hôpital. Concernant sa santé, au moment de partir, les nouvelles devenaient meilleures : il mangeait, il jouait, il réagissait « normalement » nous disait-on.
LA RENCONTRE
Le 22 avril nous atterrissions à HCMV et le 23 avril nous rencontrions notre petit bonhomme. Un petit poids plume de 8 mois et demi, aminci, pâle, le dessus du crâne rasé et un peu tuméfié mais l’œil pétillant et le regard plein de curiosité et d’espoir ! Nous avons passé un mois sur place avec comme principale activité celle de créer nos liens et découvrir Saigon. Lino a vite repris du poil de la bête, il est souriant, plein de vie, il adore faire le clown et piquer des fous rire avec nous. Aujourd’hui il est parfaitement rétabli, il vient d’avoir un an, il marche seul et sait déjà très bien ce qu’il veut !
Il est « comme la douceur des chants du soir qui comblent de bonheur et de joie** ». Nous sommes les parents les plus heureux du monde. Nous n’oublions pas les souffrances de notre attente, surtout celle des derniers 6 mois et des dernières semaines mais si c’était à refaire, on recommencerait. Lino en vaut vraiment la peine et nous fait complètement relativiser ce temps que nous trouvions indéfiniment trop long. Devant son sourire, on oublie tout ! Et dans l’histoire, le plus courageux c’est lui !

Philippe, Gaëlle et Lino – 44, 32 et 1 an – agrément en mai 2008 – dossier au Vietnam par OAA en octobre 2009 (avant la mise en place de la Convention La Haye) – attribution en octobre 2010 – Rencontre magique le 23 avril 2011.
** chant du sud Vietnam

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